174397590Quoi de commun entre les myrtilles, le persil, les fruits secs et le soja ? Ils partagent, entre autres, un contenu élevé en phytoestrogènes, des métabolites secondaires de plantes, soit des « hormones » végétales. Leur structure ressemble à celle des œstrogènes féminins, ce qui leur permet de se fixer sur le récepteur des œstrogènes du corps humain. Des experts des Sciences de l’alimentation de l’Université du Texas et l’Université de Caroline du Nord, aux États-Unis, ont analysé l’effet de ces composants des aliments sur la communauté bactérienne logée dans notre intestin. Leur théorie semble être fondée. À l’aide d’un modèle animal, ils ont montré que la quantité de phytoestrogènes consommée pouvait influencer l’apparition de maladies inflammatoires gastro-intestinales chroniques ou même de certains types de cancer (sein, prostate ou colon).Au cours de leurs expériences, les chercheurs ont nourri des souris femelles avec une alimentation riche en isoflavones, un genre de phytoestrogènes abondant dans le soja. Ensuite, ils ont supprimé les isoflavones pendant deux semaines et les ont remplacées par des sucres raffinés en grande quantité. En comparant le contenu des selles des deux périodes, ils ont pu observer qu’une alimentation riche en isoflavones augmentait le nombre de bactéries bénéfiques du microbiote intestinal. En revanche, lorsque les souris ont arrêté d’ingérer ces phytoestrogènes, et ont consommé du sucre à la place, des microbes associés à des maladies intestinales ont commencé à proliférer. Tel est le cas de Escherichia coli et Salmonella, deux agents pathogènes qui peuvent entrainer des diarrhées aigües.

Mais les scientifiques ont également constaté que l’alimentation n’était pas l’unique cause de ce phénomène. En effet, ils ont aussi découvert certaines différences génétiques qui influaient sur la composition du microbiote intestinal. Concrètement, celui-ci varierait si les souris étaient porteuses d’un gène spécifique : le récepteur bêta des œstrogènes.

« S’il est vrai que le contenu des microorganismes de l’intestin évolue avec l’âge, nous découvrons maintenant comment notre génétique et les aliments ingérés modifient la composition et l’activité de ces bactéries », explique le Dr Joseph Sturino, coauteur de l’étude publiée par la revue Applied and Environmental Microbiology. Ce chercheur est persuadé que dans le long terme ces découvertes pourraient contribuer à développer des probiotiques, des prébiotiques et des stratégies nutritionnelles susceptibles d’améliorer notre santé, en favorisant la croissance de microorganismes intestinaux bénéfiques, et en empêchant la prolifération des nocifs.

En guise de conclusion, nous aimerions souligner la complexité de la relation entre les phytoestrogènes et le microbiote. En effet, tel que le démontre cette étude, les phytoestrogènes influent sur le microbiote intestinal, alors que certaines bactéries intestinales sont les responsables de la biodisponibilité — quantité absorbée et « mise à profit » par notre organisme — de ces phytoestrogènes.