Etes-vous plutôt, « je mange pour vivre » ou « je vis pour manger » ? Quelle que soit l’expression qui vous définisse le mieux, pour la plupart des personnes, manger est un plaisir quotidien qui doit être tout aussi gratifiant que séduisant. La satiété est une sensation qui provient de la libération de molécules dans le cerveau. Mais savez-vous que votre état après un repas dépend de votre appétit, de l’odeur des aliments, voire vos propres habitudes alimentaires ? La réaction de votre système digestif à la suite d’une prise alimentaire est expliquée dans cette récente revue dans Nutrients que nous partageons avec vous.

L’odeur d’un barbecue, la couleur d’une salade de fruits et le croustillant d’un biscuit constituent les propriétés organoleptiques et des sensations qui ouvrent votre appétit avant même la première bouchée. Puis, interviennent la température, la texture, le piquant et le goût.

Lorsque nous mangeons, le goût est probablement le sens le plus fiable auquel nous faisons appel. Il est catégorisé par les 5 saveurs : salé, acide, amer, sucré et umami. Les récepteurs de ces cinq saveurs, qui visent à réguler l’homéostasie* intestinale, se trouvent principalement sur votre langue, cependant nous les rencontrons également tout au long du le tractus gastro-intestinal ayant pour rôle de réguler son homéostasie.

La perception de la nourriture et son goût visent à juger la palatabilité** d’un aliment : dans quelle mesure celui-ci est agréable à manger ou non. Cette palatabilité décroît au fur et à mesure que la faim diminue pour laisser place à la satiété. Pour les individus souffrants de symptômes digestifs comme le syndrome de l’intestin irritable (SII), la sensation hédonique avant le repas (appétence) et lors de la consommation (goût) n’est pas corrélée à l’expérience durant la digestion. Pour ces individus, ces désagréments et symptômes digestifs entraîneront une diminution de la palatabilité. La sensation hédonique après les repas dépend de nombreux facteurs et doit être étudiée de plus près afin d’assister les soins relatifs à l’anorexie et boulimie. De plus, être conscient de la consommation alimentaire et redécouvrir les goûts pourrait être des alliés dans la bataille contre l’obésité.

Une à deux heures après le repas, les résidus alimentaires tels que les fibres fermentescibles atteignent le côlon. Dès lors, le microbiote intestinal produit des molécules qui nourrissent les cellules de l’intestin comme le butyrate, l’un des principaux acides gras à chaine courte, des neurotransmetteurs comme la sérotonine, mais aussi des flatulences ! La production totale de flatulences oscille entre 200 mL et 600 mL, et ces flatulences demeurent dans le côlon pendant 4 à 6 heures, puis déclinent graduellement. Ces flatulences peuvent causer des sensations de ballonnement et d’inconfort qui réduiront la palatabilité du repas suivant. Cependant, peu est connu sur l’interaction entre la prise alimentaire et les réactions au niveau du microbiote intestinal, c’est pourquoi il serait intéressant de poursuivre des études sur le sujet.

La consommation de nourriture déclenche des comportements hédonistes chez le mangeur. En d’autres termes, c’est une source de plaisir souvent oubliée mais essentielle qui fournit la clé vers des habitudes alimentaires saines (mastication, heure du repas) et une alimentation saine (diversité alimentaire).

 

* : L’homéostasie, dans le domaine biologique, est la régulation naturelle de l’organisme pour maintenir constants les paramètres biologiques du corps humain face aux modifications du milieu extérieur (exemple la température du corps)

** : Caractère de la texture des aliments agréables au palais

 

Reference :

Livovsky, D.M.; Pribic, T.; Azpiroz, F. Food, Eating, and the Gastrointestinal Tract. Nutrients 2020, 12, 986. DOI : https://doi.org/10.3390/nu12040986