La chirurgie de dérivation gastrique (aussi connue sous le nom de pontage ou by-pass gastrique) s’est avérée extrêmement efficace pour combattre l’obésité morbide : après cette opération, les patients subissent en général une perte de poids importante. Cependant, le rôle du microbiote intestinal dans les effets bénéfiques de ce traitement restait encore sous-estimé. Selon une étude récemment publiée dans la revue Science Translational Medicine cette intervention pourrait altérer la composition du microbiote intestinal et contribuer ainsi à la perte de poids observée chez les patients. Les modifications du microbiote participeraient donc aux effets bénéfiques associés à cette chirurgie, comme la réduction de volume abdominal et de masse grasse du patient.


L’étude montre que les modifications des acides gras à chaine courte dans le microbiote pourraient être responsables de la perte de poids. Les variations les plus significatives se seraient produites dans deux groupes de bactéries : les Protéobactéries telles que E. coli et les Verrucomicrobia, qui normalement ne sont pas présentes chez l’Homme ou les rongeurs sains. Ces changements significatifs se sont produits rapidement, environ une semaine après la chirurgie, tout au long du tractus intestinal. Jusqu’à présent, les études chez l’Homme avaient montré que la dérivation gastrique restructurait le microbiote, étayant ainsi l’hypothèse selon la quelle certains effets de cette chirurgie seraient induits par ces changements. Pour vérifier cette hypothèse, les chercheurs ont réalisé une dérivation gastrique sur 12 souris obèses, lesquelles, comme prévu, ont perdu 29 % de leur poids, malgré un régime riche en matières grasses. Ensuite, des échantillons fécaux ont été prélevés chez les rongeurs opérés et transplantés sur des souris non obèses élevées dans un milieu stérile. Une perte de poids a été constatée chez ces dernières, sans que leur régime alimentaire n’ait été modifié. Le résultat obtenu est en faveur d’un rôle déterminant de la modification du microbiote dans la perte de poids.Dans une interview publiée par les éditeurs de la plateforme collaborative Gut Microbiota for Health, Alice Liou, PhD, de l ‘Hôpital Général de Massachussetts, premier auteur de l’étude, affirme que celle-ci constitue une nouvelle avancée dans le domaine de la recherche sur le microbiote : « Il s’agit de la première étude montrant que la modification des communautés bactériennes de l’intestin doit avoir un rôle à jouer dans les bénéfices de la chirurgie gastrique. Reste à voir si une approche similaire pourrait s’avérer utile chez l’Homme. Mais surtout, cette étude réaffirme une idée grandissante : les changements du microbiote peuvent avoir des répercussions sur la santé. » Alice Liou souligne la nécessité d’avancer dans les recherches, afin de comprendre comment les communautés microbiennes de l’intestin peuvent influencer la balance énergétique de l’organisme et conduire ainsi au développement de thérapies non chirurgicales efficaces contre l’obésité et le diabète.Photographie | Ivy Dawned